Ou l’intelligence de Panini contre la bêtise de Delcourt
Habituellement concentré sur les stands Delcourt et Panini quand je vais au festival d’Angoulême, je peux dire que je connais le système maintenant, la manière dont cela se passe chez l’un comme chez l’autre pour obtenir une dédicace.
Ainsi, Delcourt avait l’habitude pour certains auteurs « célèbres » de mettre en place un système de tirage au sort où un des gros Monsieur de la compagnie se ramène avec un sac rempli de petits papiers gagnants et perdants et le hasard faisait si on avait tiré le bon papier ou non.
Enfin, primo, quand je dis hasard, il regardait parfois les papiers qu’il donnait. « Toi, t’auras celui-là, toi, celui-là ! ». Bon, Ok ! J’ai jamais su s’il faisait selon ses accointances ou juste en fonction des visages qui lui semblaient sympathiques, nouveaux ou polis. Je dis ça parce que j’ai souvent eu du bol chez Delcourt alors que je ne connais pas du tout les deux Monsieur chargés de la distribution des petits papiers.
Et puis, surtout, deuxio, le plus difficile est de se frayer un chemin jusqu’au sac à bonbons. Ça se bouscule comme c’est pas permis, ça fraude aussi pas mal et à chaque fois, le distributeur ne peut s’empêcher de dire à voix intelligible : « Faites une queue correcte ou j’arrête tout » ou encore « Poussez-vous un peu que j’ai de la place ». C’est assez drôle de voir qu’un mec qui a pratiqué cette merde au moins cinq ans n’ait toujours pas réfléchi à une organisation préalable pour créer une file d’attente correcte. Ah si, excusez-moi, Mike Mignola, Angoulême 2006, les seules réelles files bien organisées à l’extérieur des bulles. Pourquoi n’ont-ils pas continué les autres années alors que là, ils étaient vraiment peinards ? Peut-être qu’ils sont un brin maso finalement et qu’ils aiment bien se faire tripoter par une horde de fans semi-zombies fous furieux. Qui c’est ?
Et en parlant de zombies, putain, que cette édition 2011 était prometteuse sur le papier ! Charlie Adlard, dessinateur de Walking Dead depuis quasiment le début était là, pour plusieurs jours en plus ! Je me voyais déjà tentant vainement de récupérer un papier chaque jour au milieu d’autres amateurs du comics. Hélas, non ! Delcourt a changé de politique, Delcourt est devenu capitaliste, Delcourt devient de droite. Qui paye perd !
Trevor Hairsine, Sean Phillips et Charlie Adlard, les trois auteurs américains invités par Delcourt (qui dit américain dit qu’on n’est pas prêt de les revoir en France) sont soumis à la loi du tirage au sort. Mais cette année, il faut d’abord sortir les biftons avant de tenter sa chance. Honteux ! Plus on est riches, plus on peut se permettre d’investir. T’es pauvre ? Tais-toi et admire.
Le principe, assez simple et génial pour le businessman qui sommeille en chacun de nous, vous achetez un album au stand Delcourt (n’importe quel album), à l’achat, on vous file un joli petit papier rose où vous mettez votre nom dessus puis vous le mettez dans l’urne du dessinateur américain dont vous aimeriez un joli dessin. Jeudi, bien sûr, comme tout bon aficionado, je tente ma chance, j’achète le volume 11 de Walking dead et je mets mon nom dans la bouteille d’Adlard. Et bien sûr, je perds. J’avoue, si j’avais gagné, que j’aurais quand même eu mal au cul.
Dargaud applique la démarche du « paye après ticket gagnant ». Delcourt pratique le « paye avant, on verra après » qui paraît beaucoup plus malsaine. Et pourtant, j’ose le dire, c’est génial puisque ça marche. Un type, dimanche, m’a raconté avoir acheté les dix premiers tomes de Walking dead pour augmenter ses chances chez Charlie Adlard. Je ne me souviens plus si l’investissement financier a été concluant ou non. Mais à 130 euros l’essai, je crois qu’il est plus intelligent de poser un billet cash sur le bureau du dessinateur. D’une part, il dira oui dans la seconde, d’autre part, pour 100 euros, t’auras un sacré plus beau dessin que ceux faits lors du festival (qui, pour être honnête, était quand même de très belle facture).
Mais voilà, la technique du tirage au sort après achat porte ses fruits et Delcourt a dû bien augmenter ses bénéfices cette année.
Et j’abrège sur les dédicaces elles-mêmes où les perdants espéraient, au moins, une signature de l’auteur. Mais c’était sans compter sur la fille « au ton sévère », petite mais pas mignonne pour un sou (je parle du caractère, j’ai des principes quand même) qui renvoyait barrer tous ceux sans ticket car l’auteur n’aura pas le temps de signer vos BD.
Obligé de jouer au policier et au voleur pour passer en lousdé son comics pour qu’il soit signée. Tu parles d’un comble ! C’est quand même le but premier d’un festival de ce genre, je me trompe ? Surtout que les auteurs, ça les dérangeait pas. Quand on sait que ça prend cinq secondes de signer et qu’on n’est plus que six pélos à chouiner en arrière-plan, faut arrêter de déconner quand même.
L’exemple le plus frappant a été avec Trevor Hairsine où j’étais tout seul à lui demander de me signer 6 comics. Il avait fini ses tickets et il était pile 19h « après 19h, il s’en va » me fait la fille à lunettes. Je ne me démonte pas, j’ai tenu le grappin, poliment, gentiment, en anglais s’il vous plaît. J’ai même loué les louanges de l’artiste sur sa carrure à la Bruce Willis et j’ai abouti à une signature de sa part. Résultat, ça a bien pris une minute !!! Elle aurait fermé son clapet, ça aurait pris 20 secondes. Cherchez l’erreur…
En revanche chez Panini, ça a toujours été comme les autres années. Le premier jour, on souffre d’Alzheimer sur les organisations précédentes. Puis, cette année, dès jeudi aprem’ (incroyable), on se souvient du système de listing et tickets qui a fait le succès des éditions précédentes. Avec en surplus cette année le coup du « Je vérifie si les noms gagnés samedi n’ont pas déjà été tirés vendredi pour un même auteur ». Bravo ! Bel effort ! Il ne restera plus la prochaine fois à demander une carte d’identité pour vérifier le réel nom de la personne (sinon, jeudi, je m’appelle Nicolas Pignon, vendredi Nicolas Richois, samedi Nicolas Zemmoun et dimanche Nicolas Lippure).
Et quand on veut se faire signer ses comics, c’est d’une facilité et d’une gentillesse bienvenue de la part des auteurs italiens (et français pour Roland Boschi) où personne dans leur dos ne leur interdit l’autographe.
L’un s’améliore, l’autre tombe en disgrâce. Ainsi va la vie.
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