Glee, c’est une chorale mais c’est aussi la jubilation, plus particulièrement ce sentiment mesquin quand on rit du malheur des autres, cette petite joie de rire d’une chute dans la rue. Voici ce que signifie Glee. Faut avouer que le titre est bien trouvé.
Glee est une série dont j’entendais parler mais qui ne m’attirait pas du tout. Des lycéens qui chantent, je passe mon tour, comme j’ai fait avec les autres séries du même genre.
Puis, je me suis ravisé. On m’a vanté sa double-lecture, le sérieux des personnages face à des situations saugrenues ou des phrases déplacées, que cette atmosphère très premier degré rendait le tout très drôle.
Et là, au premier épisode, quand je vis que ce fut effectivement le cas, j’ai accroché direct. Surtout qu’en plus, à la fin, la chorale nous sort une très belle chanson, « Don’t stop believin’ » qui file la chair de poule et résume bien le thème de la série. Y croire, jusqu’au bout.
Alors, autant vous le dire tout de suite, si vous êtes hermétique aux chansons, tentez au moins le premier épisode, si la chanson qui clôture le pilote ne vous fait ni chaud ni froid, pas la peine de continuer, tout le reste est comme ça.
Il est marrant de voir que le pilote n’a pas trop marché mais a été sauvé par cette fameuse chanson puisque son téléchargement sur itunes a explosé juste après sa diffusion. Business is business. Le potentiel commercial de ventes de musique qu’engendre la série a sauvé la série.
C’est aussi le mélange de communautés minoritaires auxquels vont s’ajouter rapidement les populaires classiques d’un lycée américain, joueurs de football américain et cheerladers. Ils sont unis dans la chorale mais avouent sans peine qu’ils ne se parlent pas pour autant dans la vraie vie. Là aussi, une vraie fraction avec la vie réelle se fait. A partir du moment où on fraternise avec quelqu’un, on sera plus sympa avec lui en dehors de l’activité où on bosse ensemble. Pas là, une vraie dichotomie existe et Mercedes n’hésite pas à le rappeler à la fin de la saison 1. et Puck confirme.
Pour revenir sur les communautés minoritaires, Glee assume à fond et joue là-dessus. Tous les stéréotypes sont représentés et parfois même fusionnés. Ainsi, Tina sera une asiatique gothique, Artie un geek en fauteuil roulant, Mercedes une noire bien bouboule, Kurt un gay…très gay, bon méga dandy mais avouons que les dandys sont vraiment trop rares pour être une minorité. Rachel et Finn n’ont rien de particulièrement minoritaire à mon sens. Bon, ok, Rachel chante sur son blog et ça fait rire tout le monde mais faut avouer qu’elle sait chanter (ce qui dans la vie réelle est beaucoup plus rare chez les personnes qui prennent ce type d’initiative).
Sinon, on a tendance à l’oublier mais dès le début, on nous présente Rachel comme une garce. Elle fait tout de même renvoyer le professeur de musique parce qu’il ne lui a pas accordé le solo qu’elle voulait. Saison 2, on repart avec ses bases-là et elle tente là-aussi d’exclure Sunshine Corazon du jeu car elle risque de lui prendre sa place.
Quant à Finn, quaterback, donc déjà plutôt dans le groupe des branchés du lycée, il est tout simplement le gentil neuneu de la bande, ce qui n’offre rien de savoureux à se mettre sous la dent.
Glee, c’est aussi de la cruauté. Exemple parfait avec ce professeur qui perd ses pouces accidentellement (parce qu’il se drogue au sirop tout de même) et se retrouve à manger sa part de gâteau directement à la bouche devant des collègues médusés. Personne pour l’aider, sympa les gars.
C’est tout ce second degré qui fait le charme de Glee, sa haute dose de connerie assumée et surtout que tous les protagonistes considèrent comme normal. Belle critique de la société, les gens sont de plus en plus cons mais personne ne s’en aperçoit puisqu’ils évoluent tous de la même façon. Vraiment tous ? Non, soyons francs, Brittany a une longueur d’avance et l’utilisation améliorée de ce personnage au fur et à mesure que la série progresse est jubilatoire. Une vraie force comique, paumée, décalée, un peu la Homer Simpson de la série.
à droite, c'est la couverture pour le magazine Rollng stones. Je la trouve géniale. En plus, elle n'a pas dû être simple à mettre en place.
Pour pas spoiler les gens, je tiens à signaler que les lignes suivantes concernent la fin de la saison 1.
Glee, c’est tout de même une envie de s’en sortir, une envie de reconnaissance et une vraie chance d’être des héros, des super-stars du lycée et surtout la grosse désillusion d’une équipe face à son échec aux Regionals et son retour au pays des losers.
Losers comme le symbole de Glee, sur les affiches, fait avec la main pour former un L. En gros, les membres de Glee sont des losers. On ne veut y croire et pourtant, c’est dernier qu’ils finissent.
Allez, à propos de Sue Sylvester aux Regionals, on se doute qu’elle va voter pour New Directions, dès le début du final épisode. Je sais pas, une intuition. Par contre, ce qui l’amène à voter pour eux, ça, j’avoue que je ne voyais pas comment ils allaient s’y prendre et c’est réussi. On profite de ce moment là pour faire une critique acerbe des célébrités (beaucoup de cran pour Josh Groban et Olivia Newton-John d’ailleurs pour ça. J’espère qu’ils ont compris le cynisme de leurs personnages d’ailleurs).
Oui, alors, Sue Sylvester. Je sais que beaucoup de gens l’adorent mais moi, elle me saoûle un peu.
Glee, c’est traiter de sujets difficiles avec un détachement incroyable et une banalité folle. Quinn est enceinte, ben ok. Puck est en fait le père, ok. Terri mime une grossesse, ok. Will ne voit rien, toujours ok. On se demande à quel moment la corde va céder, si ça va céder. Et heureusement, l’abcès se crève à chaque fois et le retour à la réalité est toujours un gros coup de poing. C’est aussi une des forces de Glee, intégrer dans une série aux allures plutôt bon enfant des thèmes très sérieux et ceci, quasi dès le début.
Concernant la musique, y a des chances que vous y trouviez toujours votre compte. La série nous ressort des tubes dont on a oublié le nom mais dont la musicalité résonne instantanément à nos oreilles et nous fait dire : Ah ouais, c’est trop bien ça. Mais c’est de qui au fait ? »
Exemple avec « Gold digger » de Kanye West (oui, c’est récent mais je ne connaissais pas), The supremes avec « you keep me hangin’ on », « loser » de Beck, « thong song » de Sisqo ou encore « give up the funk » de Parliament.
A côté de ça, il y a des zics que vous ne connaîtrez pas mais que vous aimerez dès les premières notes et d’autres qui sont des tubes planétaires.
La série marche tellement bien que certains artistes qui ont dit « non » hier pour chanter leurs chansons se sont ravisés aujourd’hui. De même pour l’apparition de guests, la saison 2 subit une nette augmentation par rapport à la 1.
Donc, oui, Glee, c’est bien, c’est drôle, décalé, chantant et très souvent, ça vous donne la patate. Alors, soyez Glee (et Gleek).