Si tout le monde s’émeut du drame japonais qui sévit actuellement et, qui par un effet domino, déclenche à chaque coup une catastrophe plus grave et insidieuse que la précédente, il est à noter que les grands fans (otaku) de culture nippone, et des paraboles qu’elle porte dans ses archétypes, auront sûrement remarqué le lien entre les histoires de robots géants et la catastrophe humaine et environnementale qui frappe la région de Tōhoku.
Un thème ancré plus que jamais dans l’actualité
Evangelion, Goldorak, Dai-Guard, Escaflowne, RahXephon, Full Metal Panic, ou encore le sentai Bioman, voici des exemples de séries du type Mecha (ok, Bioman, c’est plus par commodité et pour faire jaillir de vieux souvenirs aux enfants des années 80). Il existe une cinquantaine d’animes consacrées à ce style de science-fiction et pour quelques-uns, le thème est clair comme Ghost in the shell qui s’interroge sur l’intelligence artificielle et l’âme des robots. Pour d’autres, une bonne explication de texte s’impose et une fois expliquée, la chose devient évidente. C’est exactement le cas pour Dai-Guard et le célèbre Evangelion.
Tout d’abord, je tiens à signaler que je n’ai pas découvert cela par moi-même mais en feuilletant des pages internet après avoir vu ces séries, il y a de ça très longtemps je me rends compte. Mais, à la vue du tremblement de terre japonais, cela a ressurgi dans mon esprit, s’est imposé comme une évidence des prévisions romanesques de ces histoires de Mecha.
Commençons par la série la plus connue, Evangelion, déjà, le lien avec le nucléaire est une évidence et sert même de préambule à l’histoire des héros (l’explosion au pôle Sud). Ensuite, l’ennemi des Evas n’est jamais clairement expliqué ni crédité à un groupuscule humain ou extra-terrestre. Tout simplement parce que le danger n’est peut-être pas commandité par une force du ciel mais vient du plus profond de la terre.
Chez Dai-Guard, après quelques épisodes, le spectateur comprend de lui-même l’intention de la série et voit parfaitement le lien entre les monstres affrontés et les catastrophes naturelles. C’est ainsi, par cette évidence, que cet anime paraît à ce jour l’un des plus en lien avec les problèmes nippons actuels. L’histoire nous permet de mieux comprendre la fascination pour ces robots mécaniques géants et l’une des vrais thèmes que ce type de récit a toujours voulu faire transpirer.
Ainsi, le thème d’une Mère nature ennemie s’inscrit souvent en filigranes des histoires nippones. Et, ce, de raison évidente, le Japon est en proie à des phénomènes terrestres permanents, souvent mineurs (séismes) mais qui laissent toujours, en épée de Damoclès, la potentialité d’exercer un cataclysme. C’est exactement ce qui est arrivé le vendredi 11 mars 2011.
Par ces œuvres, les auteurs japonais ont souvent cherché à exorciser l’incapacité de l’Homme à contrecarrer la Nature quand elle se déchaîne et les auteurs pouvaient encore surfaient à fond sur ce type d’histoires tant que la réalité ne les rattrapait pas. Ces histoires sont finies aujourd’hui, les choses s’enchaînent de façon apocalyptique en ce moment et bizarrement, bien que réel, se passent à la façon d’un manga japonais.
Premièrement, un séisme, flagrant, violent, aux conséquences immédiates. Comme souvent l’est le premier ennemi d’une série télé.
Deuxièmement, un tsunami, conséquence directe du séisme, plus lent, visible, dont le champ d’action s’étend avec une force tranquille et une vitesse constante, ennemi encore plus puissant que son prédécesseur.
Troisièmement, l’irradiation nucléaire, totalement invisible, sournois, à la durée d’action longue, au rayon d'agression encore plus ample et conséquence directe du deuxième ennemi.
On passe de quelque chose de violent et immédiat à l’aspect dangereux très caractérisé à un rayonnement invisible, insensible où on ne peut même pas visualiser l’impact avant plusieurs jours ou années selon l’exposition.
Ça ressemble tellement à un anime que s’en est effrayant.
Une chose à voir dans l’avenir, quand le Japon ira mieux et que l’épreuve sera digérée, à quoi ressemblerons les prochains Mecha ? Reviendront-ils sur cet événement par une métaphore ou, cette fatalité ayant déjà été cristallisée sur papier et réalisée ce 11 mars, pourront-ils porter ce style sur d’autres thèmes ? Seul l’avenir nous le dira.