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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 22:50

Depuis février 2003, les français peuvent avoir le plaisir de lire Batman en VF, notamment grâce à Semic qui eut la bonne idée de traduire la saga Hush de Jeph Loeb et Jim Lee, sentant la bonne pépite que DC sut former. Panini reprit le flambeau de l’homme chauve-souris et pérennisa, non sans difficulté, le mythe de Bruce Wayne jusqu’à aujourd’hui. Preuve en est les premiers numéros de Batman Universe dont les prix d’occase dépassent le tarif original de la revue.

            Ces prix sont-ils le signe d’une revue à la qualité exceptionnelle ou juste le fait de spéculateurs ? Pour répondre à cela, rien de mieux que de revenir sur toutes les histoires publiées depuis 2003 et d’analyser leur qualité.

 

            Pour commencer, prenons l’exemple d’All star Batman. Je la choisis comme introduction bien qu’elle soit postérieure à Hush car elle révèle de nombreuses facettes du monde éditorial, de celui des fans ainsi que celui des revendeurs.

            Initiée en février 2006 sous la contrée hexagonale et sortie à l’occasion du festival d’Angoulême au moment où Jim Lee était invité, cette série avait tout du blockbuster. Quasiment trois ans plus tard et avec dix numéros à son effectif, il symbolisera l’excellence du pétard mouillé.

            Imaginez, Frank Miller au scénario, un des hommes phares de l’image de Batman, et Jim Lee au dessin, son nom seul suffit à vendre, réunis pour raconter leur version du justicier de Gotham City. Le cocktail, sur le papier, est réussi. Mieux que cela, malgré les retards, il tient et parvient à pondre dix épisodes. Alors qu’est-ce qui cloche ? Frank Miller, tout simplement.

            L’édition française n’arrange pas la chose en modifiant le titre de la parution pour le loger en alternance (si possible) avec All star Superman dans la nouvelle revue Superman Batman Hors série.

 

            L’histoire débute pourtant pas trop mal. Miller incorpore Vicky Vale à son récit et fait ainsi ressortir une figure du passé dans sa version. Le dynamisme est bien là, on rentre tout de suite dans le récit avec Dick Grayson, futur Robin, en première page. Bien que le jeu de répétitions présents toute la première partie ne fonctionne pas et tente à penser qu’il s’agit d’une facilité et d’un flegme de l’auteur, l’histoire est intéressante. On sent cependant que dès le début, Frank Miller fonce dans ses archétypes avec une Vicky Vale femme fatale et des forces de l’ordre au tempérament milicien.

            Quant à Jim Lee, il n’y a pas grand chose à dire. Son travail est excellent sur ce titre. L’encrage et les couleurs sont toujours assurés par ses compères Scott Williams et Alex Sinclair, qui lui assurent une harmonie graphique depuis plusieurs années.

            Dès l’épisode 2, on note que Frank Miller veut casser le code du bon justicier froid qu’est Bruce Wayne. Son rire malade nous fait penser immédiatement à son rival Joker et prône la folie de l’homme. Dick Grayson s’en tire comme le vrai héros de l’histoire, celui qui doit faire avec, subit les événements et dont l’esprit est clair.

            L’épisode 3 est presque entièrement centré sur la plantureuse Black Canary et, à part nous montrer que c’est une femme forte, il n’y a pas grand chose à ajouter. L’atmosphère est crue, dépravée, miteuse et on se demande comment une femme de cette trempe a pu passer un peu de temps à servir des nazes dans un bar pourri. Miller fantasme encore sur sa version de la femme. Pour les connaisseurs de Sin City, le goût de redite est évident. Les deux dernières pages me posent un problème d’anachronisme. Miller introduit Superman dans le récit (dont ses seuls mots se résument à « Merde », c’est dire si d’emblée il casse l’image du super-héros tout lisse) en voyant un avis de recherche sur le jeune disparu Dick Grayson. Ça a lieu 15 heures avant le tour en Batmobile du gamin. Ce qui voudrait dire en gros que Batman lui fait faire un tour de voiture depuis 12-13 heures. S’il foire déjà des contextes de temps aussi simples que celui de la journée, je ne trouve plus trop cela engageant. À part cela, Superman a l’air plutôt méchant et Lee fait ressortir un petit côté démoniaque.

Enfin, cet épisode ne développe pas l’histoire en cours mais se plaît juste à introduire Black Canary.

            Mais c’est quoi ce binz, alors que je viens juste de dire que Sup’ semblait avoir une prestance, quelque chose, voilà que Miller, dans l’épisode 4, le transforme en toutou de Batman et le rend complètement insipide, comme s’il avait changé d’idée entre l’écriture de ces deux épisodes. Sinon, Vicky Vale est mourante et après 4 épisodes, on commence à s’en foutre un peu. Son séjour à l’hôpital ne va pas durer encore 3 autres épisodes j’espère.

Black Canary, vu précédemment, n’apparaît point. Superman confirme qu’il ne sait dire que « Merde », Dick pense toujours que Batman est un con (et il aurait tort de penser autrement) et Alfred reste le Alfred de l’histoire original, serviable et plein d’empathie.

Jim Lee nous sert une Batcave bien sympa. Heureusement, ces dessins sont toujours aussi agréables.

            Épisode 5 : C’est au tour maintenant de Wonder Woman de rentrer dans la partie. Encore plus fatale que les précédentes héroïnes, encore plus déterminée et beaucoup plus violente dans sa façon de penser. Pour le fun, Plastic Man et Green Lantern sont aussi de la partie mais ils restent désespérément insipides. Superman retrouve de sa superbe et finalement Batman n’apparaît qu’à la neuvième page. L’histoire confirme sa violence et sa folie. Ce qui ne plaît pas à la Ligue de Justice d’Amérique qui compte bien redresser les bretelles à l’homme chauve-souris. Pendant ce temps, Grayson joue avec les armes blanches de la batcave.

            Les choses se mettent enfin un peu en place dans ce sixième épisode. On retrouve Vicky, qui va beaucoup mieux. Son rôle va-t-il s’épaissir plus tard par contre ? Pas simple à savoir. Black Canary rentre en piste, devient justicière et croise Batman. À côté de ça, Frank Miller ne peut s’empêcher d’encore ajouter un personnage, Batgirl. Ça commence à faire beaucoup de monde pour si peu de numéros. Attention à ne pas se perdre en voulant en faire trop.

            Avec les épisodes 7 et 8, la sauce prend enfin. Bien que l’épisode 7 soit rapide, baston, grands plans et sex on the pier (si, si, je crois que c’est ce que veut connoter Miller et Lee, ou pas, difficile à dire, j’avoue). Batman arrive enfin à capturer le tueur et l’amène sur un plateau au petit Dick qui choisit comment cuisiner son plat, à froid ou à chaud. Au final, tout ça pour nous faire le coup du grand méchant commanditaire caché dans l’ombre. Bien sûr, ce ne peut qu’être le Joker.

            Avec un gros tatouage en plus de dragon dans le dos et sur son bras droit, le Joker commence plutôt bien l’épisode 8. À la fois très méchant et finalement, depuis quelques temps dans l’univers classique, très traditionnel. Son image de psychopathe est maintenant fortement ancrée dans l’inconscient des fans de pop culture et bien que Miller tente de le rendre horrible, il n’est que le reflet que les fans du Batverse porte à ce personnage. Cet épisode bouge enfin sinon. Dick se fait un costume, Batman lui donne un nom. Selina Kyle apparaît et Green Lantern passe pour le plus crétin des super-héros. Miller continue à jouer sur la galerie des personnages mais bizarrement, ça passe mieux maintenant. Et surtout, on se demande pour la première fois ce qui se passera au prochain épisode. Après 8 numéros, il était temps. PS : Miller a enfin introduit des svastikas dans le récit. C’était bien la dernière chose de Sin city qu’il n’avait pas encore repompé pour ASB.

            L’épisode 9 fait plutôt mal. Imaginez que le seul personnage normal à ce jour, Robin, se révèle le plus meurtrier de tous. C’est ce que nous montre Miller dans ces 22 pages où face à Green Lantern, Dick Grayson est submergé par l’adrénaline d’un combat trop facile et commet une grosse erreur de jeunesse. Épisode intéressant où Bruce Wayne se révèle sous le masque de Batman et où sa folie disparaît en même temps que tombe la cagoule de cuir. Vrai rythme, une planche de Lee au style purement Miller parfaitement réussie, des adieux au passé. Robin naît vraiment et le Joker est dans la ligne de mire des deux héros…

            Hé bien non, même pas ! Faut passer avant au chevet de Catwoman pour ce dixième épisode. Black Canary et Batgirl prennent le reste d’espace disponible et l’intrigue n’avance pas d’un pouce. Ça sent vraiment l’arnaque tout ce barouf quand même. Au final, toujours pas de confrontation avec le Joker et des personnages secondaires intégrés dans le récit pour mieux en ressortir sans passer par la case « utile au développement de l’histoire ».

 

1715662-all star batman and robin the boy wonder 2005 10

                         

            Enfin, j’avoue, je dis tout ça alors que la mini-série n’est pas terminée. Qui c’est, leurs rôles se gonfleront peut-être vraiment à l’avenir, avenir incertain d’ailleurs. Il paraît que la série compterait au total 16 épisodes. On verra bien. Pour l’heure, ça fait belle lurette que rien n’a été publié.

 

            Pour conclure sur l’expérience ASB, c’est plus pour les dessins léchés de Jim Lee que pour le scénar’ de Frank Miller que l’on y jettera un œil. Lire tout All star Batman d’une traite reste finalement la meilleure approche pour apprécier un minimum le récit, un peu comme avec du Bendis. Décompresser, c’est bien pour le scénariste parce que ça lui fait moins de taf mais il faudra beaucoup, beaucoup plus de pages pour réussir à accrocher le lecteur. Attention toutefois à ce que l’accroche ne dure pas trop longtemps et que tout le monde ait quitté le bateau au moment où ça bouge vraiment. Le monde n’est pas un TPB.

           

Disponible en français dans :

-         All star Batman 1

-         All star Batman 2

-         Superman Batman Hors série 3

-         Superman Batman Hors série 4

Superman Batman Hors série 6

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