Superman & Batman, lancé en juin 2007, durera le temps de 20 numéros dont les 4/5 seront consacrés l’œuvre de Grant Morrison, artiste connu, reconnu et qui a promis écrire de grandes choses pour le chevalier noir.
Avant cela, James Robinson écrivit les épisodes qui composent les quatre premiers numéros de ce magazine.
Les événements de 52 sont passés par là et pour ceux qui ne connaissent pas, cela veut dire qu’entre Batman 23 et Superman & Batman 1, il s’est écoulé une année dans l’univers DC. Ce que l’on peut dire, c’est que tout semble retourner vers un statu quo. Gordon est redevenu le chef de la police. Cette même police qui, de nouveau, considère Batman comme un allié. Du côté des Bat-vilains, c’est aussi le retour aux sources puisque Harvey Dent, Poison Ivy et Killer Croc retrouvent leurs apparences les plus charismatiques et malveillantes.
Par contre, on peut dire adieu à Orca (mais si, souvenez-vous, cherchez-bien, époque Semic) et surtout du Ventriloque.
L’histoire déroulée en huit actes est très agréable. Les événements sont nombreux, Robinson met au final en avant un ennemi peu connu, le Requin blanc, nous montre que Batman peut engager un autre détective en cas de besoin et il finit même par adopter Tim Drake légalement (en tant que Bruce Wayne bien sûr).
Les dessins de Leonard Kirk et Don Kramer se complètent bien. L’un ne tire pas la couverture de l’autre et cela permet au lecteur d’enchaîner la lecture des épisodes sans sentir de différences de tons.
Numéro 5 : Entrée en scène d’Andy Kubert et Grant Morrison pour un épisode mensuel (au début, cela variera beaucoup dans les derniers numéros) de Batman.
A ses côtés s’adjoint Detective comics, jusqu’au magazine 14, qui voit principalement deux grands événements dans ses pages, la réhabilitation du Sphinx et l’arrivée d’un nouveau ventriloque derrière la même marionnette mafieuse.
Morrison, de S&B 5 à 8, nous pond un premier arc très jubilatoire sur l’existence d’un fils (pas adoptif cette fois) à Batman, enfant eu avec Talia, fille de Ras’al Ghul. Le gamin est complètement chtarbé, agressif, violent, immature, tête à claques mais surtout possède déjà de grandes dispositions à blesser sérieusement ceux qui l’empêchent de faire ce qu’il veut.
Morrison entame bien son cycle sur Batman avec un premier arc en quatre parties qui secouent bien le cocotier solidement ancré d’un héros sans famille (génétique) par l’incursion du jeune Damian. Pourtant cette histoire de Batman & Son finit un peu en nœuds de boudin à mon goût. Il faut cependant noter, qu’à côté de cela, Morrison distille dès les deux premiers épisodes les thèmes qu’il compte aborder, le Joker, Zurr-En-Arrh, les Batmen et l’histoire d’amour avec Jezebel Jet. Il manque juste une référence au Gant noir pour être complet.
Au cours de l’épisode Batman 663, voir S&B 9, Morrison axe le récit sur le Joker et nous narre cela sous la forme d’une nouvelle. Cela procure un temps de lecture beaucoup plus long pour le même prix (ça, c’est pas mal) mais au final, lire du Morrison (déjà, c’est pas le plus facile) qui parle comme le Joker, ça rend la chose peu évidente. Au final, faut comprendre que le Joker arbore un nouveau look et reste toujours aussi allumé.
S&B 10 et 11 : Retour à l’histoire des Batmen. Nouveau Bat-vilain, corpulent comme Bane, sadique, psychopathe et finalement aussi costaud que l’original. Avec l’aide de Robin et d’un bon costume, Batman, bourré d’analgésiques, revient dans la partie et éclate le flic bourré de stéroïdes. Un combat entre médicaments en gros. Notons que la dernière image montre sûrement le chef du groupe du Gant noir.
Pour fêter l’épisode 666 de Batman, Morrison nous narre une histoire du futur où Damian, sous le masque du nouveau Batman, détruit le dernier des trois flics Batmen. Pas trop d’enfer pour ce 666. Au final, c’est juste une énième visualisation d’un futur, ça ne casse pas trios pattes à un canard et je ne vois pas d’indices pour le reste de l’intrigue.
On retrouve Morrison dans le numéro 14 mais cette fois, c’est Tony Daniel au dessin. Andy Kubert nous aura livré de très belles planches de bout en bout (Dire qu’en plus, j’adore les Kubert depuis que j’ai commencé les comics en… 1997. Ils ont toujours un très bon style les frangins. Merci papa ?). Tony Daniel se débrouillera très bien jusqu’à la fin de R.I.P., ne vous inquiétez pas. On passe directement du n°666 à 672 en VF et surtout on commence la dernière ligne droite de la saga du scénariste, là où pour moi, ça commence un peu à partir en sucettes. Alors que Batounet continue de flirter avec Jezebel, il doit affronter le dernier des Batmen jusqu’à ce que ce dernier lui tire en pleine poitrine. Bam ! Le choc provoque un arrêt cardiaque à notre héros. Et là, dans les trois dernières pages, ça devient le flou total. Quelqu’un écrit ZUR EN ARRH de la main gauche et vu l’état de Batman, ce n’est visiblement pas lui qui marque cela (ou alors, y a une petite incohérence dans le dessin, c’est possible). Toujours est-il qu’en plus de ces mots mystérieux surgit Bat-Mine (ou Mini-Bat, comme bon vous semble) de sa 5ème dimension.
A ce moment, je n’ai envie de dire qu’une chose :Bienvenue dans un récit de Grant Morrison !
Ça sent l’esprit biscornu, les trucs bizarres, hallucinatoires, les textes alambiqués et l’ésotérisme cher à Morrison. Souvent, quand il commence là-dedans, moi, ça me dépasse.
D’ailleurs, ils le précisent bien à la fin de ce magazine, relisez tout Batman pour bien comprendre la série parce que là, c’est particulier quand même.
673 et 674 terminent l’arc. Dans le 673, il est vraiment ardu de savoir quel est le réel de l’hallucination. C’est très bien mais on est paumés. Heureusement, on comprend bien qu’à la fin, Batman s’est fait attraper par le dernier des Batmen et il nous explique enfin qui ils sont. L’histoire est alors très intéressante et l’idée bien trouvée. Un bon point pour Grant dans ce prologue au Gant noir.
Episode 675 : Bruce Wayne, en civil, affronte devant Jezebel un drôle de gars à 9 yeux tatoués au bout des doigts. Il n’en faut pas plus pour que la belle devine la double-identité du milliardaire. Et ça, c’est la petit touche finale de Grant pour impliquer à fond une femme dans la vie de Batman.
De 676 à 681, voivi l’arc R.I.P. ; des sous-fifres du Gant noir à têtes de bestiaux continuent d’attaquer en ville, ce même groupe envoie des invitations officielles pour une soirée et va aussi chercher le Joker à l’asile, qui s’imagine roi du crime capitonné dans sa camisole, pour le faire participer aux festivités. Au final, une fois qu’on comprend que le Joker en bourreau à la fin n’est qu’un de ses fantasmes, tout va bien. L’épisode est très clair.
Bon, le 677, ça va encore niveau compréhension. Faut surtout bien comprendre que l’homme de main du début d’épisode a blessé Batman avec une lame empoisonnée. Sinon, Morrison commence a balancé beaucoup d’idées et à mettre des coups dans la fourmilière concernant l’historique de la famille Wayne. Zur-En-Arrh commence à signifier quelque chose, un code qui, à haute voix, agit bien sur Bruce et le fait s’évanouir. Pour conclure, le gant noir envahit la Bat-cave.
Amnésique, Bruce Wayne parle avec son ami imaginaire clodo (puisque Honor Jackson semblerait être mort la veille) dans les rues de Gotham et se confectionne un costume de Batman de Zur-En-Arrh. Bat-Mite revient pour l’occase. Robin lit les journaux de son père adoptif et voit tout le bien qu’il pense de lui (y pas à dire, y a pas mieux pour se rabibocher) et Nightwing se fait battre par une nana en maillot et casque de moto customisé. La baston est tellement déroutante que nous n’en voyons même pas une image. Quant à Robin, il est occupé à taper des membres du Gant noir ailleurs. Il est quand même très bizarre que le Dr Hurt choisisse en mot déclencheur « Zur-En-Arrh » et que Batman, de son côté, est choisi, en cas de pépin, de se créer une nouvelle identité appelée le Batman de Zur-En-Arrh. Ils se sont concertés ma parole, c’est possible ! Je trouve ce point litigieux, sinon, le reste, ça va.
679-681 : Batman est seul face à l’ennemi, seul face à ses démons, exactement ce que voulait Morrison. Jezebel se révèle être membre du gant noir et le chef du groupe crie haut et fort à tout le monde qu’il est thomas Wayne, le père de Bruce. C’est assez drôle puisque personne ne le croie mais il persiste quand même à affirmer ce mensonge.
Damian, Talia, Gordon, Robin et les Batmen of all nations interviennent au fur et à mesure pour aider Batman qui retrouve sa vraie personnalité au cours de l’affrontement. Le Joker s’échappe, certains membres du Gant noir aussi. Il semble que Bat-mite sorte directement de la tête de Bruce quand il était le Batman de Zur-En-Arrh.
Au final, Batman semble mourir dans l’explosion de l’hélicoptère mais on nous rassure aussitôt à la fin du magazine. Il est bien vivant et apparaîtra dans Final crisis… où cette fois, il mourra vraiment. Super… Mourir dans les pages de propre revue, c’est sûrement devenu has-been.
Pour la petite histoire concernant Zur-En-Arrh, il semblerait que d’un point de vue phonétique, en arabe, ça s’entend « Va visiter l’Enfer », donc « Batman va visiter l’Enfer ». D’autres y voient en Zur-En-Arrh « Zorro in Arkham », référence à la fin de R.I.P. où Thomas Wayne parle d’une version de Zorro finissant à Arkham. Dans les deux cas, j’ai trouvé ces infos sur le forum de Buzz comics. Cependant, vu que le terme de Zur-En-Arrh date de 1958, on peut se demander à quoi penser le créateur originel quand il a trouvé cela (s’il pensait à quelque chose bien sûr). Toujours est-il que Grant Morrison a su remanier ces mots pour en extraire une idée intéressante.
On peut voir qu l’un des thèmes forts de Morrison est la famille avec d’un côté Bruce Wayne en tant que père et de l’autre en tant que fils. Les idées étaient très bonnes mais finalement s’avèrent effleurer. Une bonne confrontation explication dans les deux cas auraient été tout simplement énormes. On peut même voir les Batmen comme des frères de sang détraqués, illégitimes. C’est peut-être au final avec eux que Batman aura eu le plus d’interactions.
Il faut bien sûr qu’il nous sorte un brin de mysticisme avec Thogal, de psychologisme avec le fil rouge de Zur-En-Arrh. Résultat, à la première lecture, on est facilement déboussolé, on distingue mal le vrai du faux et on se perd dans la compréhension de l’histoire. Mais si vous avez déjà du Morrison, vous savez ce que c’est.
Pour conclure Morrison a le don pour ressortir des persos oubliés et avec Batman et ses deux versions du Batounets, il a encore réussi à retrouver des trucs bien cachés. Il en fera de même avec Final crisis.
Au-delà de relire R.I.P., il est surtout bon de parcourir internet à la recherche d’explications. Alors, une fois les infos trouvées, on peut se replonger avec plaisir dans l’histoire et voir tout ce qui vous avez échappé.